Deux modèles et six meilleures pratiques pour aider les entreprises à collaborer sur des objectifs liés aux ESG
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« Lorsque les entreprises collaborent, elles peuvent tirer parti des synergies pour concevoir des propositions de valeur que chacune ne pourrait offrir seule. Les collaborations ont donc le potentiel de résoudre de nombreux problèmes complexes, systémiques et multidimensionnels du développement durable, mais cela n’arrivera que si des modèles de collaboration rentables peuvent être identifiés et mis à l’échelle, » expliquent Laurie Ann UNDERWOOD (IÉSEG) et Lydia PRICE (CEIBS) dans un *chapitre d’un nouveau livre blanc ESG publié par la China Europe International Business School (CEIBS).
Pour aider les entreprises, les deux experts mettent en avant deux modèles pouvant être utilisés pour soutenir les stratégies commerciales durables et six exemples concrets de leur utilisation. Leur chapitre se termine par une liste de six exemples de meilleures pratiques pour aider les entreprises à éviter les pièges les plus courants lorsqu’elles se lancent dans différents types de collaborations liées aux ESG (les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance). Voici un résumé des modèles et des meilleures pratiques.
Les collaborations ESG peuvent être simples ou complexes
Les auteurs expliquent que les collaborations liées aux ESG peuvent varier, allant d’accords simples de mise en commun des ressources entre deux parties à des écosystèmes synergiques complexes comprenant plusieurs institutions publiques et privées, lucratives et non lucratives. À mesure que davantage d’organisations développent ces synergies, « le potentiel de résolution de problèmes complexes croît également, mais la difficulté de gérer le réseau de relations augmente. » Un conseil pour réussir les collaborations, ajoutent les auteurs, est qu’une partie agisse comme un « orchestrateur » ou un leader « pour établir et faire respecter les règles de participation ainsi que les mécanismes de capture et de partage de valeur. »
Les collaborations efficaces pour résoudre des problèmes peuvent élargir les opportunités pour tous les participants en offrant des avantages partagés tels que : attirer de nouveaux clients, identifier de nouveaux produits ou services, ou adopter des technologies innovantes. Les experts mettent en avant deux modèles conceptuels éprouvés que les entreprises et les organisations peuvent utiliser pour développer des collaborations.
Modèle n°1 : Modèle EoM
Le premier modèle est celui développé par EoM Solutions (Think Tank et conseil), qui suggère que visualiser un écosystème avec un objectif social clair au cœur aidera les participants en réseau à identifier des opportunités de création de valeur.
Selon les auteurs, le modèle EoM est opérationnalisé en quatre étapes :
• Redéfinir le rôle de l’entreprise et de tous les acteurs clés pour déterminer un problème social, humain ou environnemental majeur à servir comme objectif central.
• Réaliser une « cartographie de l’écosystème » détaillée pour découvrir comment chaque acteur est connecté aux autres et pour auditer les points de difficulté rencontrés.
• Collaborer pour trouver des solutions.
• Établir des mécanismes de comptabilité pour mesurer et maintenir l’équilibre non seulement pour le gain financier mais aussi pour les gains humains, sociaux et environnementaux.
Modèle n°2 : Modèle des cinq étapes
Le deuxième modèle qu’ils mettent en avant a été développé par la chercheuse de Harvard Kennedy School, Jane Nelson, qui a été commissionnée par la « Business and Sustainable Development Commission », en 2017, pour déterminer comment les entreprises, les gouvernements et la société civile peuvent collaborer pour accélérer et étendre les solutions transformantes aux défis du développement durable. Les auteurs décrivent les cinq voies identifiées par Nelson pour l’engagement du secteur des affaires dans le développement durable et fournissent des exemples concrets d’entreprises et d’organisations opérant à chacun de ces niveaux.
Meilleures pratiques pour la collaboration ESG
Les experts notent que les collaborations ESG peuvent être difficiles à réaliser car elles impliquent souvent des changements transformateurs. Lorsqu’ils entrent dans de tels arrangements, les experts conseillent à toutes les parties de « se préparer à rencontrer des revers, des détours et même des échecs aux côtés des victoires ». Pour aider, les auteurs compilent six meilleures pratiques — développées par d’autres chercheurs/consultants — pour aider les entreprises à éviter les pièges de partenariat les plus courants.
- Établir une vision ou un objectif partagé : « Partager une ‘grande vision’ commune peut maintenir les parties en avant même lorsque les étapes individuelles semblent petites… Il est plus facile de persévérer si le travail est perçu comme une étape importante dans une transformation économique nécessaire et inévitable qui nécessite de nombreux acteurs pour progresser. »
- Ne pas prédéfinir le « succès » : « Bien qu’il soit essentiel de partager une vision commune, il est tout aussi important de permettre flexibilité et découverte quant à la manière d’atteindre le succès. Ceux qui étudient les écosystèmes et les partenariats notent que les opportunités de croissance suivent lorsque les entreprises passent d’une recherche interne (inside-out) de supériorité concurrentielle à une recherche externe (outside-in) de nouveaux problèmes à résoudre. Garder un esprit ouvert est une condition préalable au succès. »
- Établir des stratégies et des objectifs concrets : « Les stratégies déterminent le chemin vers la vision partagée, tandis que les objectifs identifient les étapes critiques vers le but final. En combinaison, ils alignent les contributions des partenaires individuels et déterminent les ressources nécessaires. »
- S’accorder sur les indicateurs pour suivre et ajuster les progrès : « Les partenariats nécessitent transparence et rapports réguliers sur les progrès. Un accord préalable sur ce qui sera mesuré, qui suivra les données et qui prendra des mesures correctives aide à éviter les conflits à mesure que les relations évoluent. »
- Envoyer votre meilleure équipe : « La collaboration est un effort collectif et le fait de ne pas ‘faire sa part’ entraînera des frictions et des tensions dans les relations. Les ressources incluent le capital humain, et les partenaires sont conseillés de désigner du personnel qui est à la fois qualifié et motivé par la vision à long terme du partenariat. C’est une erreur de réserver vos meilleurs talents pour les projets prioritaires et d’envoyer au partenariat ceux qui manquent de pouvoir et d’influence pour conduire le changement. »
- Définir les rôles et responsabilités des partenaires : « En attirant des membres ayant des compétences et des ressources complémentaires, les collaborations augmentent la possibilité de concevoir des propositions de valeur uniques. »
Pour en savoir plus, consultez le chapitre « Collaborer pour créer de la valeur ESG » publié en anglais dans le livre blanc ESG 2024 de CEIBS (Environnemental, Social and Governance), disponible ici : CEIBS ESG White Paper.